Certaines petites choses passent inaperçues et c’est bien dommage! Surtout quand elles concernent notre patrimoine commun et qu’elles enrichissent notre culture et notre mémoire historique!
La longue coulée des siècles porte avec elle des trésors exceptionnels que les musées aujourd’hui conservent avec beaucoup de précaution et d’attention. En France bien sûr, pays des arts et des lois, mais aussi dans le monde entier.
J’en veux pour preuve, l’un des tableaux les plus célèbres de notre roman national qui mêle l’Histoire, la grande et notre Littérature, la plus haute aussi.
Peint dès 1808, il a été exposé à Paris pour la première fois en 1810 et il représentait Chateaubriand, alors diplomate à Rome, contemplant les ruines du Colisée devant l’une des sept collines de la capitale italienne qui bordent aussi la minuscule cité du Vatican.
L’artiste qui s’appelait Anne-Louis Girodet de Roussy-Trioson a peint Chateaubriand, l’auteur des célèbres Mémoires d’outre-Tombe dans sa quarantaine élégante lorsqu’il était le collaborateur de l’oncle de Bonaparte, le cardinal Fesch, à l’ambassade de France à Rome.
Très admiratif de l’écrivain malouin, qu’il appelait son « frère d’âme », Girodet a campé un Chateaubriand pensif et romantique sur les hauteurs d’une ville sans égale où le passé ressurgit à tous les coins de rue dans ses expressions les plus belles et les plus nobles… Girodet avait peint deux ans plus tôt « Les funérailles d’Atala » tiré du « René » de son modèle et il peindrait dix ans plus tard la silhouette de Jacques Cathelineau, chef de la Vendée militaire, que l’on peut voir au musée de Cholet!
Propriété du musée de Saint-Malo où Chateaubriand est né en 1768, le tableau de Girodet est actuellement en restauration à Nantes où une spécialiste des tableaux anciens, d’origine grecque, oeuvre pour leur redonner une clarté nécessaire.
Un travail indispensable pour cette pièce de collection doublement centenaire et qui va recouvrer ses couleurs d’origine que les vernis successifs ont assombri au gré des manipulations de toutes sortes effectuées depuis le début du XIXe siècle!
Le tableau totalement rénové sera exposé à partir du mois de septembre prochain au musée des Arts à Nantes dans le cadre d’une exposition temporaire et il rejoindra ensuite l’intra-muros de la cité malouine.
A l’époque où il n’ y avait pas encore de photographies, les tableaux constituaient des miroirs indispensables pour la compréhension du monde. Pour leurs propriétaires d’abord, pour les gens de passage ensuite puis, à travers les donations et les partages, pour les musées qui en héritèrent ou qui en firent l’acquisition.
Nous aurons donc la chance à Nantes de voir bientôt ce portrait exceptionnel de Chateaubriand dans ses couleurs retrouvées et en quelque sorte dans sa jeunesse sauvegardée par la magie d’un savoir-faire qui mérite une vive admiration et autant de reconnaissance.
Chateaubriand est sans aucun doute l’un de nos plus grands écrivains et Anne-Louis Girodet l’un de nos meilleurs peintres!
L’un et l’autre vaudront le déplacement à la rentrée de septembre quand les cimaises du musée des Arts de Nantes accueilleront cette toile digne des plus grands hommages!
Un rendez-vous avec l’Histoire, avec un grand H, à ne pas manquer…
Le fameux natif de Saint Malo