L’enseignement catholique et la mixité sociale.

Notre ministre de l’Education nationale ému par les résultats de l’IPS, indice de position sociale des lycées, qui évalue les établissements selon la position sociale des parents, constate de fortes inégalités entre établissements publics. Il en profite au passage pour accuser avec une bonne partie de la gauche l’enseignement catholique jugé socialement élitiste et invité par une convention à faire des efforts de mixité sociale, notamment en augmentant son pourcentage de boursiers. Il y a du vrai là-dedans mais aussi du scandaleusement hypocrite.

Il est vrai que l’enseignement catholique payant, hélas,  est plutôt marqué socialement, vers le haut. J’y enseigne depuis 1979 et cette réalité sociologique m’a surpris, étonné, voire dérangé et choqué. En effet est-il normal de payer pour aller dans une école catholique, la réservant ainsi à ceux qui ont les moyens de payer ? Est-ce évangélique ? Je rappelle que l’Église au Moyen-Age avait décidé que l’enseignement ne pouvait être que gratuit, car relevant des œuvres de miséricorde. Certes je sais que bien des écoles font des efforts pour accueillir tout le monde, que des gratuités discrètes et individuelles sont accordées, mais cela reste marginal.

 

Mais quelle hypocrisie aussi ! Si l’école catholique est payante c’est qu’elle est victime de discrimination de la part de l’État. Est-il normal que les élèves du privé paie la cantine deux fois plus cher que celle du public ? Est-il normal que beaucoup d’élèves du privé ne bénéficient pas de la gratuité des transports scolaires ? Est-il normal que les parents du privé paient deux fois pour l’école : une fois par leurs impôts vers le ministère de l’Education Nationale, une autre en payant la scolarité de leurs enfants ? Quelle escroquerie !!! Le secrétariat de l’enseignement catholique a chiffré le surcoût pour les parents du privé :  9, 5 Mds d’euros par an et donc autant d’économisés pour le budget du ministère. Alors oui vive la mixité sociale dans nos établissements catholiques. Pour cela il suffit de le rendre gratuit pour les familles. il y a d’ailleurs des moyens utilisés dans certains pays comme le chèque éducation, où les familles décident où va l’argent de leurs impôts, vers l’école publique ou vers l’école libre de leur choix. Ainsi la devise républicaine et chrétienne prendra tout son sens : liberté, égalité, fraternité.

 

 

 

 

 

 

Eenseignement Catholique et Mixité Sociale - par Eric Picard
Des Réformes en Question