J’ai fait un rêve, celui du dialogue social.
Quelle belle expression que celle de dialogue social, de
négociations entre ce que l’on appelle ou appelait les
partenaires sociaux, syndicats patronaux et syndicats de
salariés. Je rêve de ce dialogue social quand je vois cette
comédie grotestesque et ridicule des débats sur les
retraites à l’Assemblée Nationale, où gouvernement et
opposition dans des logiques politiques d’affirmation de
leur pouvoir déshonorent la démocratie et ne semblent
guère rechercher le bien commun. Quelle honte et quelle
tristesse. Comme si les partenaires sociaux, ce sont eux
qui cotisent et perçoivent des prestations, n’étaient pas
capables de trouver des solutions raisonnables et
sérieuses aux problèmes sociaux. Certes ce n’est pas
toujours facile, il faut s’asseoir autour d’une table et
discuter des progès sociaux possibles, nécessaires,
souhaitables. C’était le bon temps des accords Matignon
en 1936 et celui de la Sécu créée en 1945 et longtemps
cogéré par les partenaires sociaux Et puis l’Etat s’est
emparé du social, en le politisant et en le soumettant à
des règles comptables et financières parfois inhumaines :
c’est lui qui gère la Sécu à la place des syndicats depuis
1995. Car l’enjeu financiet et politique est de taille. Le
budget de la Sécu, voté par le parlement sur proposition
du gouvernement, c’est 470 Md d’euros, alors que le
budget de l’Etat n’est que de 350 Md. La sécu c’est 25 %
du PIB de la France et donc 25 % de la richesse créée
redistribuée. Et si on laissait la société, les partenaires
sociaux s’occuper des questions sociales et les gérer. En
langage chrétien, cela s’appelle la subsidiarité, principe
cher au saint pape Jean-Paul II, qui a connu l’Etat
totalitaire communiste et qui écrit dans une encyclique
célèbre. Je le cite : «En intervenant directement et en
privant la société de sa responsabilité, l’Etat de
l’assistance provoque la déperdition des forces humaines,
l’hypertrophie des appareils publics, animés par une
logique bureaucratique plus que par la préoccupation
d’être au service des usagers, avec une croissance
énorme des dépenses». (Centesimus Annus, 1991

J'ai fait un Rêve - par Eric Picard
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