Domus … la maison, cet endroit qui , une fois la porte fermée , offre le calme d’un espace protégé et dont l’histoire s’incruste souvent dans les murs : couches multiples de papiers peints , de peinture , encoches dans le plâtre pour mesurer la taille des enfants , parquets polis , moulures anciennes, faïences dépolies ; La maison qu’on quitte parfois à regret , adulte , et qui semblait , enfant , si vaste et si mystérieuse , parfois affolante et inquiétante avec ses couloirs , ses pièces sombres , ses recoins ignorés , son jardin immense ou ses hauts plafonds ; Cette maison aussi qui passera de mains en mains , de familles en familles et qui verra naitre et mourir les passants éphémères que nous sommes ;
Quelles histoires, elle pourrait raconter, cette maison, elle qui a connu tant de secrets, vu tant d’étreintes, entendu tant de pleurs, adultes et enfants réunis, vu tant de drames, fêté tant d’évènements : noëls, pâques, anniversaires, naissances, succès … Elle pourrait relater l’odeur indéfinissable qui y règne faite d’un mélange de vies qui s’y croisent, de destin qui s’entremêlent , de plats qu’on y prépare , des effluves du grenier , du vent qui s’engouffre par les fenêtres ouvertes l’été , des fleurs séchées sur un guéridon….les images abondent et forment pour chacun une trame dense de souvenirs qu’on appelle à la rescousse , l’hiver venu .
La maison, ce lieu à nul autre pareil, est un refuge pour cacher ses joies et ses douleurs et où l’on revient sans cesse, en chair et en os ou en rêve pour retrouver la source d’une enfance achevée dont on aimerait prolonger le cours, un instant.
La maison est indispensable pour assoir les solides bases d’une vie future, pour achever les rêves, pour enfanter des adultes qui, munis de racines, navigueront au mieux dans l’océan de la vie
La maison, ce port d’attache, calme et paisible, dont raffole les poètes et les chanteurs dans leur poésie :
- Elle est ainsi bleue et accrochée à la colline
- Elle est près de la fontaine pour finir au bord des hlm
- Elle peut être vide et ses chambres aussi
- C’est une cabane au fond du jardin
La maison, c’est un univers jamais circonscrit, aux formes variées : elle est ronde, elle est haute et étroite, elle est large et confortable, elle est plate, colorée ; elle a sa propre vie. Lieu de passage ou de temps et temps de vie, elle voit, comme en accéléré, ses habitants arriver, partir, y mourir, y revenir, attendre. Elle les avale et les recrache comme une bouche vorace qui, affamée, n’aurait qu’un désir : assouvir sa faim ardente du perpétuel passage de ses âmes qui vont, le bref temps d’une vie, y nicher
La maison est vivante et nourrit le peuple qui la hante
le lieu des vivants