A la découverte … du silure ! Ce poisson d’eau douce , mal aimé des consommateurs, fait le bonheur des pêcheurs à la ligne.

Présent en Europe de l’est, notamment dans le fleuve Danube, cette espèce a ensuite recolonisé naturellement les cours d’eau vers l’Ouest jusqu’au Rhin. En France, sa première introduction date de 1851, dans les bassins de Versailles.

Le silure est ensuite réapparu dans les eaux françaises grâce à un pisciculteur du bassin de la Saône qui l’a volontairement introduit dans les années 1970. Le silure s’est ensuite retrouvé dans le Rhône puis a colonisé l’ensemble du territoire par les canaux et des introductions illégales dans les lacs.

Le silure a connu une extension récente dans les bassins de la Seine, de la Loire et de la Garonne, en Espagne, en Italie et plus récemment dans le Sud de L’Angleterre. En France, on le retrouve principalement dans les grandes rivières comme la Saône, le Rhône, la Seine, l’Yonne, la Loire mais c’est sur le Tarn que des gros spécimens se font capturés récemment.

Dans les rivières françaises, le silure dont la taille peut dépasser 2,5 mètres est deux fois plus gros que les plus grands prédateurs natifs, comme le brochet. Cette taille lui donne la possibilité de s’attaquer à des proies conséquentes. Avec la colonisation des rivières par les silures, les plus grosses carpes (taille > 40 cm) qui avaient atteint une taille refuge vis-à-vis des autres prédateurs ou les espèces, comme le saumon ou l’alose, qui n’avaient pas ou peu de prédateur à l’état adulte en eau douce du fait de leur grande taille sont devenues des proies potentielles.

Les silures sont aussi charognards : côtes de moutons, os de poulet, peau de sanglier… autant d’observations inattendues issues de l’analyse de leurs contenus stomacaux. Doté d’un arsenal sensoriel très performant adapté aux milieux souvent très troubles qu’il occupe, le silure est très réactif aux fortes odeurs laissées par ce type d’aliments. Certains pêcheurs, qui connaissent cette prédisposition, utilisent d’ailleurs, avec un certain succès, des tripes de poulets comme appât pour les capturer.

Le silure peut être aussi cannibale, même si cette propension n’est pas aussi marquée que chez le brochet par exemple. Les observations in Natura de rassemblements de silures montrent très souvent des individus de taille supérieure à 60-80 cm. Les plus petits individus sont bien plus discrets et plus difficiles à observer, en raison probable d’un plus fort risque de prédation. Cachés sous des pierres, ou dans des enrochements, ils ne sortent généralement que la nuit pour se nourrir.

Des poissons qui mangent des oiseaux, ce n’est pas très fréquent mais ça existe. Le brochet par exemple est connu pour venir à la surface capturer des jeunes canetons. Des poissons qui sortent volontairement de l’eau pour capturer des oiseaux terrestres, c’est beaucoup plus rare !

Dans des milieux urbains, où les concentrations de pigeons sont souvent très importantes, des adaptations de chasse assez extraordinaires ont été observées chez certains silures. Dans le Tarn à Albi, chaque jour, des dizaines de pigeons2 rejoignent les berges de la rivière pour boire et se baigner. C’est là que se joue une scène surprenante : entre mai et octobre, des silures, d’une taille comprise entre 1 m et 1,5 m, postés juste dans quelques centimètres d’eau, à proximité des oiseaux, semblent patiemment attendre leur repas. Les meilleurs postes sont toutefois très convoités et les silures qui les occupent doivent aussi dépenser beaucoup d’énergie pour repousser leurs congénères plus petits ou de taille équivalente.

Qui dit opportunisme dit éclectisme alimentaire. Les silures en font parfois les frais : ballons de foot et autres éléments en plastique se retrouvent coincés dans leurs gueules. Les ayant pris pour des proies, ils n’ont pas réussi à les avaler et meurent ainsi étouffés.

Ce carnassier qui peut peser jusqu’à 100 Kg est un poisson sans écailles avec une peau tachetée de couleur verte -brune un peu à l’image d’un camouflage qui peut vivre 60 années. Sa peau est très glissante car recouverte d’une bonne couche de mucus. Si son dos est plutôt de couleur foncé, son ventre lui est assez clair avec des couleurs oscillants entre le jaune et le blanc. La tête du silure est massive et plate avec une bouche très grosse, pourvue de lignes de dents très petites et nombreuses orientées vers l’arrière de sa gueule que l’on peut se représenter comme une râpe. Le silure ne peut pas lacérer une proie pour la découper, il l’aspire et la digère.

Sa pêche contribue à réguler la population dont il ne faut pas hésiter à la consommer. Le silure est un poisson qui contient environ 20 % de protéines

Sa chair blanche est consommable, un peu fade mais bien ferme et sans arêtes.

Il faut la cuisiner pour lui ôter son goût légèrement vaseux .

Il est d’une très bonne tenue à la cuisson. Bien essuyés, coupés et égouttés, les morceaux de silure sont prêts à passer à la poêle, « comme de la lotte » ou être préparées en terrine comme cette recette que je vous propose dès demain.

Le SILURE -
Un poisson d'eau douce qu’il faut bien cuisiner pour le mettre en valeur!