L’enfant -t-il respiré ou non ?

L’enfant a-t-il respiré, telle est la délicate, insensée et
horrible question posée à la suite d’un fait divers tragique
et très médiatisé, où un comique, en l’occurrence fort peu
comique, mais très connu, a provoqué un grave accident
de la route. Je ne parlerai pas de lui, ni de ses comparses
et pas même des victimes, gravement blessées. Je prèfère
parler du mort, de ce bébé mort, de cet enfant mort dans
le ventre de sa mère blessée. Cet enfant qui a tant de mal
à exister. Et d’abord médiatiquement. Dès la révélation
de l’accident, il est question de blessés, mais pas de mort.
Silence gêné et général, car avouer que le bébé de plus de
6 mois, tué dans le ventre de sa mère, est mort
reviendrait à avouer qu’il s’agissait d’un être vivant,
d’une personne humaine. Ce qui reviendrait bien sûr à
remettre en question l’avortement, ce droit sacrosaint et
fondamental de tuer l’enfant innocent, que certains
veulent inscrire dans les constitutions française et
européenne. Puis juridiquement : en effet cet enfant mort
peut devenir un humain véritable, quand il s’est agi de
qualifier juridiquement les actes de l’humoriste.
Homicide ou non ? D’où cette question atroce, horrible et
barbare : a-t-il respiré avant de mourir ? Si oui, il a une
personnalité juridique et on peut pénalement parler
d’homicide. S’il n’a pas respiré, il n’a pas de
personnalité juridique. Et plusieurs affaires d’enfants
viables et morts dans le ventre de leur mère ont donné
lieu à de vifs débats juridiques, tant la crainte d’avouer
que ces enfants sont des êtres humains est forte ; tant le
droit à l’avortement est tabou et sacré. Les parents
pourront toutefois faire le deuil de leur enfant. En effet
après de longs combats, toujours causés par la crainte de
sembler remettre en cause le droit à l’avortement, il est
possible depuis 2009 de donner un prénom, un nom et
une sépulture à un enfant mort dans le ventre de sa mère
qui a ainsi une existence seulement civile. Légère
consolation qui n’effacera pas la douleur infinie de ce
décès tragique. Douleur de ces parents à laquelle, vous
l’avez compris, je compatis.

L'Enfant a t-il respiré ou Non - par Eric Picard
La question de l'avortement revient dans l'actualité.