Parcours sup a-t-il tué la philo ?

 

Le nouveau bac est enfin arrivé ; enfin, car décidé par M. Blanquer, perturbé par la crise sanitaire, un peu aménagé ensuite, 2022-2023, c’est donc le premier cru de cette cuvée du nouveau bac, très différent de ce que nous avons connu. Qu’on en juge. Le contrôle continu de première et terminale compte pour 40% et les notes finales pour 60%. Le total des coefficients est de 100. Sur le papier, le contrôle continu, c’est bien. Mais  dans la réalité cela veut dire que dès le début de la classe de première chaque note compte… pour le bac, pour Parcours Sup, cette nouvelle idole omniprésente, adorée ou détestée, qui décide de votre orientation post-bac, comme on dit. Vous imaginez l’ambiance. L’enjeu est tellement important que chaque note reçue peut être contestée par les élèves, leurs parents  légitimement inquiets de l’avenir de leurs enfants et par l’administration soucieuse des bons résultats de l’établissement. Bonjour les pressions et l’autocensure des profs.

Il reste les notes finales : coefficient 10 pour le français en fin de première et 32 pour les spécialités passées fin mars. Les élèves ont eu leurs notes début avril. Et là ça se gâte et les medias et le ministère ont évoqué un réel problème. En effet 82 des 100 coefficients sont déjà attribués et les élèves savent compter. La plupart savent dès début avril qu’ils ont leur bac. Pourquoi continuer d’aller en cours ? D’où une démotivation et un fort absentéisme printanier. Bonjour le 3e trimestre. Pire encore. Depuis début juin, les résultats de Parcours Sup arrivent et la plupart des élèves connaissent la formation et l’établissement d’enseignement supérieur où ils seront en septembre prochain. Ils ont leur bac et leur orientation en poche.

A quoi rime alors l’épreuve de philo mi-juin avec son minable coefficient 8 ? Epreuve de philo, qui était en Terminale la première épreuve de l’ancien bac et la fierté de notre système scolaire. Mais bonne nouvelle peut-être. Les élèves ainsi libérés de la tyrannie de la note et de l’angoisse de la réussite peuvent pendant quatre heures philosopher librement et sereinement. On peut rêver !

 

 

 

Parcours Sup a-t-il tué La Philo? - par Eric Picard
Les difficultés de l'Education Nationale