Samedi le 11 février dernier mourrait en Limousin le dernier rescapé du drame d’Oradour sur Glane- par Sabine Daniel-Thézard

Robert Hébras ce 20 juin 1944 était chez lui quand la division SS Das Reich entre dans le village.  (Les hommes sont conduits près d’une grange raconte-t-il dans ses témoignages.  Sans violence sans affolement par 5 soldats. Les femmes et les enfants iront dans l’église.) Les SS demandent aux hommes s’ils ont des armes de guerre et feignent d’aller les chercher. Et puis  » on a regardé les soldats installer la mitraillette  » sans plus de peur que ça.  Un soldat a fait se rapprocher le groupe d’hommes, et, c’est la fusillade.

« Pourquoi je suis là, je ne sais pas». Les hommes du 1er rang sont touchés aux jambes et s’écroulent. Robert Hébras est indemne, englouti sous d’autres. Des hommes sont mourants. « Quand il va faire nuit je vais sortir  » se dit Robert Hébras.  Les soldats recouvrent ensuite ces hommes de tout ce qui pouvait brûler. Alors « au moment où ça me brûle je décide de sortir sachant que je vais mourir mais je ne veux pas mourir brûlé vif ». Il s’extrait, se détache.  Il n’y a plus de soldat devant la porte. Il va réussir à s’enfuir, est caché par sa sœur aînée puis la résistance est venue le chercher. Il s’engage pour la fin de la guerre. Lui, survit. Mais pas ses deux sœurs et sa mère mortes dans l’église.

De toute cette haine, cette aigreur de ceux qui vont perdre et qui déchaînent leur violence sur d’innocentes victimes car c’est là le drame d’Oradour sur Glane : les enfants, les femmes massés dans l’église à laquelle les soldats ont mis le feu. (Le + jeune avait 1 semaine, la plus âgée 90 ans.)

Quand vous parcourez la rue principale du village un silence de mort règne. Le même silence que le père de Robert Hébras a observé avec son fils, après.  Aucun mot ne pouvait servir leur détresse, leur blessure.

Tout est resté tel quel à Oradour. On a figé les ruines du village brûlé pour ancrer dans nos yeux, nos cœurs ce que l’homme est capable de faire à l’autre.

Nous portons en effet tous en nous cette capacité au mal. Etty Hillesum, cette femme juive enfermée, tuée dans les camps de concentration l’écrit magnifiquement  » je ne vois pas d’autre issue que chacun de nous fasse un retour sur lui-même et extirpe et anéantisse en lui tout ce qu’il croit devoir anéantir chez les autres. Et soyons bien convaincus que le moindre atome de haine que nous ajoutons à ce monde nous le rend plus inhospitalier qu’il ne l’est déjà.  »

Les ruines d’Oradour sur Glane habitent le silence, témoignent de l’horreur et nous invitent à construire une unité entre nous, une unité en nous-même, puissante, vers le bien, le vrai, le beau. Paix à votre esprit cher Robert Hébras.

 

 

Robert Hebras Dernier Survivant d'Oradour Sur Glane -
Hommage à une victime de la barbarie Nazie.