CHINE qui tremble – Sabine Daniel-Thézard

J’ai relu dernièrement (je vous confie que c’était pour l’offrir à Noël) le discours d’Alexandre Soljenitsyne prononcés en 1978 devant les étudiants de l’université d’Harvard. Il y fait une critique organisée du modèle libéral qu’il découvre. Critique sans concession et avec la lucidité d’un homme connaisseur du modèle communiste, sorti du goulag, expulsé de son pays. Soljenitsyne dénonce nos travers de société où le droit s’émancipe de la morale (la morale entendue comme ce qui distingue ce qui est bien de ce qui est mal). Par exemple, dans cette société ouverte, avec ma liberté je peux décider de produire un bien qui nuit à la santé des consommateurs mais eux, gardent la liberté de ne pas l’acheter. Cynique, n’est-ce pas ? De nos jours on pourrait aussi évoquer la liberté effrénée de communiquer par les réseaux sociaux et ma liberté de m’en extraire, de juger de regarder ou de refuser de regarder telle ou telle publication ou de la faire suivre ou pas.

A l’inverse dans une société sans droit et sans liberté comme dans le monde communiste, les gens souffrent terriblement, inutile de faire un dessin mais ces personnes développent une force intérieure. Alors que dans les sociétés libérales confortables, nous perdons toute forme de courage.

En croisant ces idées, je me dis que la situation de la Chine est pour le moins sombre. Elle concentre en effet les travers des sociétés communistes et libérales. Pas de liberté, sauf celle de consommer ; pas de droit sauf celui de produire. Un petit confort qui endort toute forme de vie intérieure ; et l’absence de liberté de faire, de penser en dehors du parti. Une conformité qui déshumanise. « Quand la Chine s’éveillera, le monde tremblera » suggérait Alain Peyrefitte ; Pour certains c’est fait mais pour moi c’est du cauchemar et c’est la Chine qui va trembler car enfin le modèle qu’elle érige la perd : c’est un modèle néfaste. Et c’est un modèle tout à fait inverse auquel nous devons tendre à mon avis, la Chine avec nous. Celui où l’inconfort des uns développe chez tous une force, un courage pour offrir des solutions, des aides, des secours où chacun peut mettre en œuvre ses talents. Un modèle d’initiatives économiques et de vie en société libres et bordées par un droit ajusté au bien, un droit discerné grâce à cette vie intérieure développée et riche dont parlent si bien ce grand Russe qu’est Soljenitsyne et chez nous Bernanos.

Alors on se réveille ? On commence par quoi ?

 

 

Tremblement en Chine -
Relisez Soljenitsyne