Je suis marquée aujourd’hui par deux personnes. L’une connue, l’autre anonyme. Un homme fragile, une jeune fille tourmentée.

Tous deux sont morts il y a quelques jours, et les journaux en ont parlé. Mais ce n’est pas leur seul point commun.

Philippe Pozzo di Borgo est bien connu du public à cause du film Intouchables qui raconte son histoire, sa vie.

Lindsay est une jeune fille qui a vécu l’enfer du harcèlement dans son collège du Pas de Calais et s’est donné la mort.

L’un est dépendant de tous pour tout faire, cloué dans son handicap; la seconde est à la merci des autres, de leur hargne qui se déchaine via les réseaux sociaux.

La souffrance donc est aussi le trait d’union de Lindsay et Philippe.

 

Et Puis les autres, la société, nous, en somme, dans l’anonymat de la foule qui peut avec froideur et rage, détachement et mensonge pousser quelqu’un vers la sortie, vers la mort.

Comment?

Avec un projet de loi ouvrant la porte au suicide assisté et à l’euthanasie, ou avec le tam-tam incessant des réseaux qui blesse jusqu’à la mort.

 

J’entends encore le cri de Ph Pozzo di Borgo: « n’abolissez pas nos vies, surtout pas celles des plus fragiles »

« Ne voyez-vous pas la pression pour ne pas dire l’oppression qui monte quand une société rend éligible à la mort les plus humiliés, les plus souffrants, les plus isolés, les plus défigurés, les moins résistants à la pitié des autres et certains le revendiquent déjà, les plus couteux »!

Mais enfin écoutons-les Philippe et Lindsay! Car ils montrent une voie à suivre, celle où l’on se préoccupe de l’autre, de son voisin de classe, de bureau.

« le moment est à prendre soin les uns des autres, à accompagner chacun, à soulager toute douleur, peine et souffrance » nous dit doucement l’ami intouchable.

 

« Seul, couché , invalide (ajoute-t-il dans un entretien au Pélerin) vous prenez conscience que vous n’êtes pas le centre du monde; la création est exceptionnelle, la présence de l’autre une thérapie » du moins si elle est bienveillante!

Et voilà qu’on entrevoit que le faible permet aux gens de se pencher sur eux-mêmes, et de dépasser leurs névroses. Le Faible devient guérisseur de société ».

 

Lindsay et Philippe Pozzo di Borgo sont ces guérisseurs. A nous d’écouter leurs maux, de porter sur nos contemporains un regard d’amitié.

Un cri dans la nuit
Porter un regard d'amitié sur ses contemporains.