Le pape François a reçu le 20 mars dernier des forains et leur a tenu un discours qui me comble d’aise.
D’abord, il les félicite d’être «des semeurs de joie, c’est votre vocation, et des semeurs de sourire» et je le cite encore : « Dans les villages et les villes, vous offrez aux enfants et aux adultes des moments d’insouciance, les détournant un peu des préoccupations qui tourmentent la vie quotidienne. Le bonheur d’un enfant sur le manège est une image de joie propre qui appartient à la mémoire de chaque famille.» Donc des joies simples et familiales, très loin de nos fêtes obligées et obligatoires, dans notre société des loisirs. On a vu il y a peu des manifestations pour le droit à la fête. D’ailleurs le pape définit ensuite très bien ce qu’est une fête authentique :« Le sentiment de joie et de fête que vous propagez provient de la créativité et de l’imagination, non pas des modèles artificiels et conformistes qui circulent dans les médias ; il se nourrit non pas de la recherche de sensations toujours nouvelles, mais de la simplicité et de l’authenticité que l’on peut respirer dans une foire». Et il ajoute :«Vous nous rappelez que le chemin pour être heureux est la simplicité ; et aussi une forme de plaisir en plein air et en compagnie : le contraire de ce que l’on voit de plus en plus souvent aujourd’hui, chacun seul avec son téléphone portable ou avec l’ordinateur, qui vous isole de la communication sociale. Vous invitez à sortir, à se rencontrer sur la place». Faut-il ici rappeler que le mot forain précisément signifie extérieur, étranger au village, non sédentaire ? Et le pape de conclure en nous rappelant une réalité fondamentale : « Je vous remercie parce que, au fond, vous nous rappelez que nous ne sommes pas seulement faits pour le travail mais aussi pour la fête, et Dieu se réjouit quand nous faisons la fête ensemble, comme des frères dans la simplicité». Et je dis souvent à mes étudiants, que pour nous catholiques le 1er jour de la semaine, c’est le dimanche, jour du Seigneur, du repos et de la contemplation, et qu’à partir du lundi on travaille. Rien à voir donc avec l’horrible notion de week-end, qui est la religion de nombre de nos contemporains.
Le Pape François remercie les semeurs de Joie, par Eric Picard.